Mikio Naruse est un cinéaste japonais, né en 1905 et mort en 1969. Tout comme ses contemporains Kenji Mizoguchi et Yasujiro Ozu, Mikio Naruse a traversé le premier siècle du cinéma en tournant d’abord des films muets, puis en voyant apparaître le parlant, la couleur, le format Cinémascope et enfin la stéréo. Cinéaste de studio, il a longtemps œuvré pour la Shochiku, où il dirige une vingtaine de films, avant de migrer vers la PCL, future Toho. Ma femme, sois comme une rose (1935), est le premier film japonais à bénéficier d’une sortie commerciale aux États-Unis. Ce troisième long métrage parlant pour le cinéaste traite déjà de la difficulté d’être un couple, une des thématiques préférées de Naruse. C’est à la Toho que le réalisateur va tourner ses meilleurs films, même s’il s’autorise quelques détours dans des studios concurrents, comme la Daiei ou la Shintoho. Un temps proche, dans la vie privée, de Yasujiro Ozu, avec qui il partage parfois les mêmes techniciens et les mêmes comédiens, sa mise en scène se veut moins formaliste, et plus « invisible », s’attachant à favoriser une grande fluidité du récit et à refuser le climax ou le spectaculaire. Dans les années 50 et les années 60, Mikio Naruse est au sommet de son art, et aligne une impressionnante série de chefs-d’œuvre. Naruse ne fut pas un adversaire du progrès et se mit volontiers au scope et à la couleur en 1958 avec Nuages d’été, film sur la dure vie d’une famille de paysans. S’il aime traiter du thème de la famille dans l’adversité, il s’attarde à partir des années 50 sur le motif du couple, envisagé comme une entité impossible. Quatre femmes ont été essentielles dans sa carrière : la romancière Fumiko Hayashi, sa contemporaine, dont il adapta régulièrement les œuvres, la scénariste Yoko Mizuki, avec qui il fit ses longs- métrages les plus célèbres, la scénariste Sumie Tanaka, auteur d’une poignée de grands films dans les années 50 et enfin l’actrice Hideko Takamine, qu’il dirigea dix-huit fois. Nuages Flottants (1955), Quand une femme monte l’escalier (1960) ou Une femme dans la tourmente (1964) sont ses films les plus réputés avec l’actrice, mais il donna aussi de grands rôles à Setsuko Hara (Le Repas (1951), Le Grondement de la montagne (1955), Pluie soudaine (1956)) ou à Kinuyo Tanaka (Les Maquillages de Ginza (1951), La Mère (1952)). Il meurt en 1969, au moment où l’âge d’or des studios touche à sa fin. Mikio Naruse a dirigé 89 films, et a été l’objet de rétrospectives au Festival de Locarno (1983), au Festival de San Sebastian (1998), à la Cinémathèque française (2001) et à la Maison de la Culture du Japon à Paris (2015).