Bonjour le Monde : Ce monde-là, on a envie d’y rester !

« Bonjour le monde »: ce conte animalier offre une plongée poétique et novatrice dans un écosystème

Alain Lorfèvre pour La Libre Belgique

 

Ce monde-là a plusieurs composantes : l’air, l’eau, la terre. On peut le voir d’en haut, d’en bas ou de sous la surface. Dans et autour d’un étang, on y naît, on y grandit, on y chasse, on y meurt, aussi.

Au fil des saisons, se conte l’histoire à plusieurs voix de la faune d’un petit écosystème, centré ici sur dix protagonistes : hibou moyen-duc, grèbe huppé, martin-pêcheur, tortue cistude, noctule de Leisler, castor, salamandre tachetée, butor étoilé, grand brochet et anax empereur. De la naissance à l’âge adulte et aux premières amours (prélude à un nouveau cycle), se déroulent leur histoire et leur découverte du monde.

Bonjour le monde est un film d’animation naturaliste aussi varié que sa vaste ménagerie à plumes, à écailles ou à poils : didactique, initiatique et poétique. Les animaux y pensent à voix haute, partageant leurs questions, leurs découvertes, leurs étonnements, leurs espoirs.

« Bonjour le monde » disent les nouveau-nés, mais monde cruel, donc, où selon une loi ancestrale de la Nature, il convient de manger ou d’être mangé au sein d’une vaste chaîne alimentaire, du fond de la mare à la cime des arbres. Le plus fort n’est pas toujours le plus gros.

Le récit, universel, n’évite pas cette difficile réalité, mais la structure sous forme d’un dialogue d’apprentissage entre chaque créature et une voix off démiurge. L’observation est méticuleuse mais son compte rendu vulgarisé – du plus grand au petit spectateur, on y trouvera son bonheur.

Cette symphonie de la vie est un peu la rencontre de Messieurs Disney, Darwin et du Douanier Rousseau. Mais avec un style hybride toutefois, d’une rare originalité dans un paysage du cinéma d’animation souvent formaté.

Les auteurs Anne-Lise Koehler et Eric Serre y mêlent sculptures (pour les décors), peintures (pour les paysages) et animation image par image de marionnettes et plantes en papier mâché. Une production certifiée bio : les animaux sont fabriqués avec des pages de livres de La Pléiade chinés sur des brocantes, un parti pris de recyclage cohérent pour cette ode à une nature pristine – et qui renvoie à toute une tradition de contes animaliers.

Le résultat, réaliste et stylisé à la fois, est d’une qualité sans défaut et d’une beauté formelle radicalement novatrice. Regard artistique sur un jardin extraordinaire, Bonjour le monde l’embellit en le revisitant. Ce monde-là, on a envie d’y rester.