Öndög : « Un film minimaliste et majestueux »

Le réalisateur chinois Wang Quan’an signe un conte mongol contemporain où il est question de dinosaures, de cycle de la nature et de cigarettes que l’on fume dans le froid.

Yannick Vely pour Paris Match

C’est l’un des maitres chinois du cinéma contemporain les plus méconnus en France. Le réalisateur Wang Quan’an n’a jamais connu les honneurs d’une sélection du Festival de Cannes, lui préférant les frimas berlinois pour récolter les récompenses – un Ours d’or pour «Le Mariage de Tuya», un Ours d’argent du scénario d’«Apart Together». On le retrouve cette année en lice pour un gros prix avec «Öndög», conte contemporain qu’il a écrit en découvrant la beauté de la steppe. Le film débute par la découverte d’un corps en rase campagne. Un jeune policier est chargé de veiller à ce que ce dernier ne soit pas dévoré par les loups avant le retour de son supérieur. Une bergère qui possède un fusil vient l’assister et lui offrir de la soupe.

Dès les premiers plans, la nature mongole est filmée comme un personnage à part entière, avec des chevaux sauvages qui traversent les plans, des agneaux, des vaches, des loups et aussi un chameau majestueux. C’est visuellement sublime – la photo est signée d’un chef opérateur français, Aymeric Pilarski. Chaque plan est composé comme un tableau vivant que le passage du temps vient modifier au gré du souffle du vent et des changements de lumière. Tout en étant influencé par Nuri Bilge Ceylan («Il était une fois en Anatolie» cité dès le premier plan) et Naomi Kawase («Still the Water»), Wang Quan’an n’oublie pas non plus de dresser le portrait d’un magnifique personnage, une femme indépendante qui vit dans une yourte coupée du monde (à 100 kilomètres à la ronde). Il est question de cycle de la nature, de dinosaures et d’un oeuf qui faut couver même s’il n’est pas le sien. Au coin du feu, les femmes et les hommes se réchauffent depuis la nuit des temps, parfois adossés à un dos de chameau…