Le mouvement social de 1968, concomitant avec l’essor de la nouvelle vague du cinéma français dont les plus jeunes représentants se politisent, aboutit à la création de nombreux collectifs de cinéma militants, à l’instar d’Iskra créé par la productrice Inger Servollin et le célèbre cinéaste Chris Marker, avec la sortie du film A BIENTOT J’ESPERE qui suit des grévistes d’une usine textile de l’est de la France, qualifié de « Brulot » dans la presse et de « Film Communiste » par le ministre de la culture.
Ils inventent ainsi une forme et des dispositifs de réalisation et de diffusion créant un genre très prolifique dans les années 70 et élargissant leurs thèmes aux luttes féministes, LGBT et anti-racistes.
Les héritiers de ces cinéastes suivent de l’intérieur les activistes d’Act-Up, dans Act up, on ne tue pas que le temps de Christian Poveda (1996), ou reviendront sur des luttes passées comme Les Lip, L’imagination au pouvoir (2007) ou encore Tous au Larzac (2011) de Christian Rouault.
En 2016, un mouvement social de grande ampleur se déclenche en réaction à la proposition d’une loi assouplissant le droit du travail en France. Ce mouvement social fera l’objet d’une répression policière importante. De nombreux films de luttent sont alors produits, suivant des grévistes (Comme des Lions – Françoise Davisse, On va tout pêter de Lech Kowalski qui sera arrêté pour « Rebellion » pendant la production du film) où des manifestants (Paris est une fête – Sylvain Georges / L’époque – Matthieu Barrère).
A l’automne 2018, un mouvement social spontané et non-aligné perdurant à ce jour émerge en France : le mouvement des Gilets Jaunes, qui reprend de nombreuses revendications sociales et initie de nombreuses actions et manifestations à l’echelle nationale, pendant lesquelle se reproduisent ces confrontations violentes entre manifestants et forces de l’ordre très relayées sur le web social par le biais des vidéos capturées par les citoyens ou journalistes indépendants. Un débat public émerge alors sur l’usage de la violence par les forces de l’ordre et sur le droit de filmer et de diffuser des images des représentants de l’État. C’est dans ce contexte que David Dufresne confronte des manifestants, des policiers et des chercheurs en sciences humaines aux images de violences policières et recueillent leurs témoignages.